Riche de quatre siècles d'histoire, le Rova d'Antananarivo doit son origine
à la conquête d'Antananarivo par Andrianjaka dont le règne s'étendit de 1610 à 1630.
Il occupe le sommet de la colline la plus élevée l'Iarivo (1472 mètres) et domine la
ville basse d'une hauteur de 200 à 250 mètres. Antananarivo se développa tout d'abord
autour de son ROVA. "La cité entassait ses maisons de bois et de joncs (zozoro) aux
toits pointus couverts de chaume le long d'étroits sentiers. Les murs des maisons se
composaient d'épaisses planches verticales dressées côte à côte, jointoyées avec des
écorces ou des fibres. Trois perches ou poteaux soutenaient le faîte du toit, très
élevé. Les extrémités des chevrons dépassaient largement en se croisant la ligne de
faîtage, ces tandron-trano ou cornes de maison conféraient aux cases une silhouette
très caractéristique. Les personnages importants pouvaient orner d'un oiseau de bois
sculpté les cornes de leur maison" (Ph.Oberlé, 1987).
Le ROVA abritait des cases royales de même conception que les maisons du peuple mais
plus spacieuses et plus hautes telles que Besakana (1796) ancien emplacement de
l'habitation d'Andrianjaka, et Mahitsielafanjaka (1796), habitation d'Andrianampoinimerina
(1735-1810).
Rois et reines qui se succédèrent au ROVA d'Antananarivo, marquèrent leurs règnes
par des transformations de bâtiments anciens, des constructions nouvelles édifiées à
l'emplacement d'anciens bâtiments disparus. L'espace bâti se développe alors au nord et
à l'est du plateau.
En 1810, Radama I (1792-1828) instigateur de grandes réformes, dont l'ouverture de
Madagascar aux étrangers (traité de commerce avec les Anglais), succède à son père
Andrianampoinimerina et confie, en 1820, la construction de son palais au maître
charpentier français Louis Gros. La première Tranovola (Palais d'Argent) est édifiée
sur plusieurs étages avec un toit à forte pente.
Son épouse, Ranavalona 1ère (1788-1861), qui lui succède en 1828, hérite d'une
nation renommée sur le plan international. En 1857, cette reine, qui va contribuer à
l'agrandissement du ROVA, promulgue un décret d'exil de tous les européens.
En 1839, Jean Laborde, ingénieur français, construit le Manjakamiadana, palais de
bois traditionnel s'imposant par sa taille et sa somptuosité. En 1845, la Reine fit
détruire le palais Tranovola de Lois Gros et le remplaça par un bâtiment de plus grande
dimension construit par Jean Laborde.
Radama II qui succéda à Ranavalona 1ère, régna trop peu de temps (1861-1863) pour
laisser son empreinte dans le bâti du ROVA. Les trois reines suivantes : Rasoherina
jusqu'en 1868, Ranavalona II jusqu'en 1883 et Ranavalona III jusqu'en 1897,
enrichirent le Rova. Durant leur règne, les gourvernements successifs seront dirigés par
le même premier ministre, Rainilaiarivony.

Sous Rasoherina (1863-1868) sont édifiés : en 1865 le palais Manampisoa par William
Pool et la porte d'accès Nord du Rova par James Cameron.
En 1868, la conversion au christianisme de la reine Ranavalona II (1829-1883) et
l'abolition de l'ancienne loi interdisant l'emploi de la pierre et des briques à
l'intérieur des limites de la ville, allait entraîner de profonds changements dans les
constructions. La pierre utilisée jusqu'alors pour les tombeaux remplaça le bois
traditionnel dans le bâti. Ranavalona II, fit construire en 1869 par l'écossais James
Cameron le revêtement en pierre du palais Manjakamiadana et le Temple du Palais.

La dernière reine ne devait jamais voir achevé le palais Masoandro dessiné pour elle
en 1890 par l'architecte Rigaud et dont il ne reste aujourd'hui que les fondations au
sud-est du Rova. Ranavalona III (1861-1917), dernière reine de Madagascar quitta son
palais dans la nuit du 27 au 28 février 1897 pour l'exil, d'abord à la Réunion, puis à
Alger où elle mourut en 1971. Le 28 février au matin, le peuple malgache apprenait par
le Général Gallieni, l'abolition de la royauté et "que la République française
serait l'unique souveraine de Madagascar". Un arrêt mettait fin à la royauté en
Imérina.
DATE |
NOM DE L'EDIFICE |
CONSTRUCTEUR |
ROI/REINE |
1796 |
Mauitsielafanjaka
(case royale) |
|
Andrianampoinimerina
(1735-1810 |
1796 |
Besakana
(case royale) |
|
Andrianampoinimerina
-1735-1810) |
Durant cette période 1796/1800, plusieurs
cases en bois s'édifient dans le Rova lui donnant l'aspect d'un village |
1820 |
Tranovola (Palais d'Argent) |
Louis Gros |
Radama Ière (1810-1828) |
1828 |
Tombeau de Radama I |
Louis Gros |
Ranavalona Ière |
1828 |
Kelisoa |
? |
Ranavalona Ière |
1829 |
Tsarahafatra |
? |
Ranavalona Ière |
1839 |
Manjakamiadana
(règne de la tranquilité)
(Palais de la Reine) |
Jean Laborde |
Ranavalona Ière |
1845 |
Tranovola |
Jean Laborde |
Ranavalona Ière |
1861 |
Mahatsara |
? |
Rasoherina (1863-1868) |
1865 |
Porte d'entrée nord |
James Cameron |
Rasoherina |
1865 |
Manampisoa |
William Pool
et
James Cameron |
Rasoherina |
1868
1870 |
Revêtement en pierre
du Palais de la Reine |
James Cameron |
Ranavalona II (1868-1883) |
1869 |
Temple protestant du Palais
(inauguré le 08.1880). |
William Pool |
Ranavalona II |
1890 |
Masoandro (le soleil)
(jamais achevé) |
Rigaud |
Ranavalona III (1883-1917) |
1897 |
Transport dans les tombeaux du
ROVA, des
restes mortels des Souverains et Princes inhumés à Ambohimanga, ainsi que Radama I
inhumé à Ilafy. |
1897 |
Déplacement des
Fitomiandalana, tombeaux
alignés des premiers rois de Tananarive derrière les tombeaux des rois et des reines |
1897 |
Ouverture au public du musée historique |
1995 |
Incendie du ROVA d'Antananarivo (6
novembre) |
Etat actuel du site
Le Rova d'Antananarivo repose sur les formations géologiques du socle cristallin
d'âge précambrien. Il occupe le sommet d'un massif granitique à pans abrupts sur les
côtés est et ouest, recouvert d'une couche meuble, produits dérivés de la roche mère
(arène migmatique et latéritique) d'une épaisseur de 20 à 25 mètres suivants les
endroits. Le granite sous-jacent peut apparaître à 28 mètres de profondeur. Des
observations faites par des géotechniques en 1989 révélaient des désordres structurels
se manifestant sous forme de tassements différentiels (partie ouest du site) et de
glissements de terrain (partie est du site). Une observation globale faisait ressortir
qu'il s'agissait plutôt d'un glissement de terrain affectant en profondeur l'ensemble de
la colline et déstabilisant les assises des bâtiments se trouvant sur un rayon moyen de
600 m autour du musée de la Reine. Le système d'assainissement de l'enceinte royale
avait également été considéré comme insatisfaisant malgré les efforts de
canalisations entrepris.
Les constructions nouvelles du XIXe siècle ont imposé la création de terre-pleins
artificiels de part et d'autre de l'arête rocheuse. L'irrégularité du sous-sol, les
fondations qui reposent en partie sur des remblais composés de matériaux hétéroclites,
le mauvais assainissement du site ont été autant de causes de désordre structuraux.
Ll'instabilité du sol de fondation sous les deux constructions en maçonnerie de pierre
(Temple du Palais et Majakamiadana), sous celle du Manampisoa et de Tranovola (qui
présentaient antérieurement des zones d'affaissement) est un facteur primordial dans le
programme de réhabilitation de ce site.
Etat actuel des édifices